24 avril 2012

Marine Le Pen et l'appel au Vote Blanc

Des rumeurs et des tweets insinue que Marine Le Pen appelera le 1 er Mai au vote blanc. Je me suis dit que c'était l'occasion de faire un petit point sur les appels de ce type. Cet inventaire n'est pas exhaustif évidemment.



L'appel au vote blanc est une pratique courante des partis politiques en situation de difficulté. En 2002, c'était Arlette Laguiller qui avait appelé à voter blanc(27-04-2002). On ne peut considérer que son appel ait réussi, vu la coalition et l'appel de tout les éliminés du premier tour à faire barrage à Jean Marie Lepen. Notons qu'au second tour il y avait prés de 2 millions de bulletins blancs et nuls.

François Hollande avait refusé l'utilisation du vote blanc : “ voter blanc ou nul, ce n’est pas suffisant si l’on veut qu’il y ait véritablement un référendum contre l’extrême droite ” dit-il sur RTL le 29 avril 2002.

Jean-Pierre Chevénement le 14 mai 2009, avait appelé au vote blanc ou nul pour les européennes : 
Le Mouvement républicain et citoyen appelle au vote blanc ou nul de préférence à l’abstention : le peuple français, en effet, ne doit pas laisser bafouer la volonté qu’il a démocratiquement exprimée le 29 mai 2005.[Le référendum sur la constitution européenne] 
Il y avait eu 781 480 bulletins blanc et nuls mais cela doit être relativisé avec une très faible participation de l'ordre de 40%.  


Xavier Bertrand avait appelé au vote blanc  lors des cantonales de 2011, alors que Jean François Copé donnait cette déconcertante consigne ni-ni aux électeurs : Ni parti Socialiste, Ni Front National.

A l'international, en 2006, en Thaïlande, plusieurs partis s'était allié pour appeler au vote blanc afin de renverser le premier ministre considéré comme corrompue. J'en avais parlé à l'époque.

Donc en ce qui concerne l'utilisation de l'appel au vote blanc. Il s'agit donc d'un acte politique destiné à affablir la position de l'adversaire, alors que l'on est soit-même faible.


Le vote blanc permet néanmoins de participer à un scrutin et à un modèle démocratique. Sur certains sites islamistes fondamentaliste, en effet,  on trouve des "fatwah" (édits législatifs dans l'Islam) qui ne veulent même pas appeler à voter blanc, puisque cela implique de participer à un système qui les exclut...

On peut trouver le même genre de propos à l'extrême gauche radicale et libertaire.

(la présence de cette image n'est pas un soutien)

Donc appel au vote blanc ou non, celui-ci n'a pas de couleur et vous permet de participer à la démocratie. Participer au vivre ensemble comme on dit.

19 avril 2012

@Authueil parle du vote blanc


On a commencé la campagne par de nombreux bloggueurs favorable à la reconnaissance du vote blanc. Et voilà qu'Authueil s'exprime à quelque jours du vote. Authueil, bloggeur politique, a donc décidé de faire tourner la boutique de la "res publica" qu'il juge  être l'opposé de ce que souhaietrait l'électeur narcissique défenseur de la reconnaisance du vote blanc. Tout un programme.



J'ai mon point de vue assez arrété sur la question et je ne compte pas convaincre Authueil. Essayons néanmoins d'apporter des éléments de précisions qui pourrait expliquer l'erreur de son analyse. D'abord il y a une confusion. On confond souvent le processus électoral avec le principe démocratique. Le processus électoral a pour objet de désigner un élu. La démocratie est un mode de gouvernement comme peut l'être la dictature ou l'oligarchie. Sauf que la démocratie (démos - cratia) a cette ambition depuis sa première conception athénienne de représenter l'ensemble du peuple (sauf les esclaves). L'outil de l'élection est alors choisi pour désigner celui qui pourra alors éxécuter les décisions selon son poste, qu'il soit général, stratège ou député. Le problème de cet outil est qu'il n'est bon que pour élire à la majorité absolu. Il manque en effet de finesse pour transmettre un message. Comme cela a pu être fait à travers les cahiers de doléances au XVIIIème siècle, par exemple. Il a été conservé aussi parce que depuis toujours la principale préoccupation des concepteurs de constitution ont été les contre pouvoirs. Et qu'à partir du moment ou un contre-pouvoir éxiste et peut s'exprimer, d'une certaine manière le pouvoir s'éxécutera toujours en fonction de ce que souhaite le peuple. En France, plus de 30 ans de défiances électorales en ont montré les limites. Les électeurs trouvent de moins en moins, dans l'offre politique, un choix qui correspond à la vision qu'ils ont de la société. Le processus électoral tel qu'il existe aujourd'hui ne permet pas de faire émerger l'alternative. Pour ce faire entendre il ne reste donc que les votes extrêmes et l'abstention.

Il y a une forme de narcissisme, oui. Mais ce narcissisme s'exprime en combinaison avec des millions d'autres narcissismes. D'ailleurs, ces narcisses, vraiment, ont dû mal comprendre à quel points leurs expressions personnelles allait être perdues dans la masses ! Narcisses, oui ! et alors ? Ils se conjugueront aux altruistes, aux militants, aux anarchistes, aux antis, aux pros, etc...

L'argument narcissique est si faible, que vraiment je me demande si Authueil est réllemment contre le vote blanc.

Enfin glissons..

Du coup je trouve les arguments du type : "enfants gatés [..] qui demandent de la perfection" assez archaïque et infantilisant. Je pense que ce que veut dire par là, Authueil, c'est qu'un système qui fonctionne par caprices ne permet pas de stabiliser les décisions prises. Je suppose qu'il ne considèrent pas non plus qu'un père de la Nation serait la solution à cette infantilisation du citoyen. Mais où est le juste milieux alors ? Pardon, je reformule : "A quel moment va t'on cesser de considérer le citoyen comme un enfant, et lui faire confiance, lui donner sa liberté ?". Je ne sais d'où vient cette idée que le citoyen serait à jamais irresponsable. Qu'il y aurait des votes légitimes et des votes illégitimes par leur inspiration. C'est peut-être au fond dans cette infantilisation que se trouve le choeur de la défiance des électeurs français. Lorsqu'ils votent aux extrèmes, c'est une ralerie, une colère. Ils ne sont donc pas crédibles, il subit ses émotions. D'ailleurs les problèmes qui génèrent ces émotions, sont probablement imaginaires. Alors du coup forcément "cette dérive narcissique" n'a pas de sens.

La reconnaissance du vote blanc c'est justement faire cela, reconnaitre qu'aujourd'hui il y a des gens qui ne voit pas de solutions à leurs problèmes. Même si "[le citoyen] intervient à un moment d'un processus qui le transcende et où il n'est pas le centre, où il ne doit pas l'être." Il voudrait bien savoir, alors, si ce processus a décidé de l'oublier, et qu'en vérité ce qui "fait l'envie de bien des citoyens dans d'autres pays", n'est en fait qu'une mascarade. Parce que simplement le système a décidé de l'oublier, et au passage aussi de le ridiculiser.

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