Vote à moitié blanc : Les critiques dans la presse
Parce qu'il ne faut pas toujours se fier au silence apparent et au reprise de dépêches AFP. Faisons un tour d'horizon des critiques qui se font jour dans les éditoriaux :
Editorial :
Editorial : jacques camus
Le vote blanc est un vote-sanction à caractère républicain valant mieux qu'un vote défouloir vers les extrêmes. On objectera que la prise en compte des votes blancs dans les exprimés engendrerait parfois des impasses électorales faute de majorité absolue. Mais cela revient à casser le thermomètre pour ignorer la fièvre. Après tout, mieux vaut assumer le risque plutôt que d'avoir des élus à la légitimité entamée par un socle de votants ridiculement bas.
Article : Gaël Vaillant
Daniel Schneidermann (Arrêt sur images):
(ndlr : Il est dommage que l'obsession tourne autour du vote Le Pen, car en plus de l'audience que cela donne à ce parti, il repousse encore la possibilité d'un débat de fond sur les solutions. Il y a encore chez Daniel Schneidermann, cet esprit de cour qui masque la possibilité d'un débat hors des canaux habituels et motivations habituelles)
Editorial :
Cela aurait pu être un acte fort de modernisation de la vie politique [..] à l'heure où
l'abstention s'envole[..]. C'est aussi une revendication muette évoquée par des électeurs
désabusés qui souhaitent toutefois exercer leur droit civique, mais
rarement reprise par leurs représentants au Parlement.
[..]
Passons sur la divergence d'appréciation du statut des enveloppes vides (bulletins « nuls » pour les sénateurs, mais « blancs » pour les députés), qui va enclencher une nouvelle lecture au Sénat [..] si le texte se perd dans les méandres de la « navette » parlementaire.
L'essentiel est ailleurs. Si les votes « blancs » seront bien séparés des votes « nuls », ils ne seront pas considérés comme des suffrages exprimés. Décomptés, mais comptant toujours pour rien, donc. [..]
[..]
Passons sur la divergence d'appréciation du statut des enveloppes vides (bulletins « nuls » pour les sénateurs, mais « blancs » pour les députés), qui va enclencher une nouvelle lecture au Sénat [..] si le texte se perd dans les méandres de la « navette » parlementaire.
L'essentiel est ailleurs. Si les votes « blancs » seront bien séparés des votes « nuls », ils ne seront pas considérés comme des suffrages exprimés. Décomptés, mais comptant toujours pour rien, donc. [..]
Editorial : jacques camus
C'est une sorte de débat… à blanc qui
va se dérouler demain à l'Assemblée. [..] On aurait dû se féliciter d'une telle
initiative, sauf que la portée en sera réduite presque à néant par les
restrictions qui y ont été apportées. Les votes blancs [..] ne pèseront toujours d'aucun
poids dans le résultat du scrutin.
Il y a là un vrai déni de démocratie. Le
vote blanc est un acte civique s'inscrivant dans le devoir électoral en
refusant de le tourner en dérision, comme le font certains bulletins
nuls, et en écartant les inconséquences du vote protestataire. Sans
parler de la désertion des urnes. Le vote blanc est l'expression assumée
et responsable d'une insatisfaction devant l'offre politique. C'est
bien pour cela que les élus ont tellement regimbé devant sa
reconnaissance complète.
Le vote blanc est un vote-sanction à caractère républicain valant mieux qu'un vote défouloir vers les extrêmes. On objectera que la prise en compte des votes blancs dans les exprimés engendrerait parfois des impasses électorales faute de majorité absolue. Mais cela revient à casser le thermomètre pour ignorer la fièvre. Après tout, mieux vaut assumer le risque plutôt que d'avoir des élus à la légitimité entamée par un socle de votants ridiculement bas.
Ce qui déplaît à la classe politique, c'est
que le vote blanc renverse le sentiment de culpabilité. Ce n'est plus
le citoyen qui devient la cible des reproches en raison de son
incivisme, mais le politique qui est renvoyé à ses insuffisances. Trop
d'élections récentes ont été marquées par des votes de rejet plutôt que
par des votes d'adhésion. [..]
Article : Gaël Vaillant
Qu'est-ce que le vote blanc?
Les
députés se sont prononcés jeudi à l'unanimité pour la reconnaissance
des votes blancs, distingués des votes nuls, mais la majorité socialiste
a repoussé l'entrée en vigueur de cette mesure prônée par l'UDI après
les prochaines élections municipales. [..] Ce chiffre élevé, résultant notamment de la consigne de vote de Marine Le Pen,
a presque égalé le record de 1969 (6,4%) lorsque les communistes
avaient refusé de choisir entre le centriste Alain Poher et le gaulliste
Georges Pompidou. [..] (En analysant la répartition des votes au lendemain de l'élection, on voit que le report de vote FN vers les bulletins blancs n'est pas plus importants que les autres reports. Autrement dit, beaucoup de gens ont voté blanc pas seulement les électeurs FN. ndlr)
Une proposition de loi qui peine à aboutir
Depuis
vingt ans, des parlementaires militent, et déposent des propositions de
loi, en faveur du vote blanc. Au total, une vingtaine de textes,
presque exclusivement déposés par les centristes (UDF, Nouveau centre ou
UDI) et les écologistes, ont été rejetées. [..]
Au vu des résultats de l'élection
présidentielle, l'UDI s'est faite entendre des autres formations. Mais
sa proposition de loi était loin d'être prioritaire. Ce texte ne
rentrera pas en vigueur avant le 1er avril prochain. En effet, les
socialistes, provoquant la fureur de l'UDI, ont fait passer un
amendement qui décale l'application du texte pour après les municipales.
"La logistique nécessaire à l'organisation des scrutins municipaux, qui
coûte des millions d'euros, est déjà lancée. Nous ne pouvions donc la
remettre en question", explique au JDD.fr le député PS Pascal Popelin, auteur de l'amendement. [..]
Qu'est-ce que cela changera?
Les
électeurs ne pourront toutefois pas peser sur l'issue du scrutin
puisque leurs bulletins ne sont pas décomptés dans les suffrages
exprimés. Ce que réclame depuis des années le Parti du vote blanc de
Stéphane Guyot. "Le pouvoir politique a peur de voir des votes blancs
atteindre un pourcentage plus élevé que ceux de leurs partis",
analyse-t-il.
Au contraire, Pascal Popelin estime que la
proposition de loi votée jeudi "est une modernisation essentielle". Et
d'expliquer que "compter les blancs pourraient créer des problèmes
insolubles". Le député socialiste rappelle que le président de la
République est élu, selon la Constitution, "à la majorité absolue des
suffrages exprimés". Si les votes blancs étaient majoritaires, aucun
chef de l'Etat ne pourrait donc être élu. Mais justement, pour Stéphane
Guyot, "c'est en cela que le vote blanc serait une arme
révolutionnaire".
Daniel Schneidermann (Arrêt sur images):
(ndlr : Il est dommage que l'obsession tourne autour du vote Le Pen, car en plus de l'audience que cela donne à ce parti, il repousse encore la possibilité d'un débat de fond sur les solutions. Il y a encore chez Daniel Schneidermann, cet esprit de cour qui masque la possibilité d'un débat hors des canaux habituels et motivations habituelles)
[..]La comptabilisation du vote blanc est une excellente idée. Mieux
qu’une bonne idée : une exigence civique. Il doit être possible de dire
que l’on ne se reconnaît pas dans « l’offre politique ». Mais présenter
cette réforme comme une manœuvre désespérée anti-FN est la meilleure
manière de la saborder. De toute façon, pas de panique : aux dernières
nouvelles, le PS donnerait son accord à la réforme, mais... après les
prochaines municipales.
Les cris de la France des invisibles
Les votes blancs, tiens, justement, les voici. Sans violence, sans
bonnets rouges, ils ont pris le pouvoir à Libé ce jeudi matin. Justine,
l’étudiante de Béziers caissière à temps partiel, les artisans
découragés d’Angers, le public populaire du théâtre de Valenciennes,
Morgan la reporter de la radio bilingue de Centre Bretagne, ou encore
Yann, désormais au chômage après s’être cassé les articulations dans un
abattoir breton, à soulever des dindes de quinze kilos : le journal
consacre ses premières pages à de beaux portraits, retentissant des cris
de la France des invisibles, cette France à laquelle France
3 consacrait une soirée voici quelques semaines (et nous-mêmes, ici, une émission).
Supermarchés qui réalisent leurs plus gros chiffre d’affaires le 5 du
mois (jour du versement des prestations sociales), billets glissés aux
parents pour qu’ils puissent remplir le réservoir de la voiture,
déprimes silencieuses à l’abri des pavillons, malheur qui passe sous les
radars.
Un seul envisage de voter FN
On lit. Tout. Avidement. Mais, lecture faite de ces cinq reportages,
reste comme un manque. Une absence. Ah oui, c’est bien ça : parmi tous
ces Français que Libé a rencontrés, aucun n’envisage de voter FN aux
prochaines municipales ou européennes. On lit et on relit. Même au fond
de leur détresse, ils résistent.
Ah si, un seul, à la fin du dernier reportage : c’est Pascal, 50 ans,
patron d’une boîte de motoculture, rencontré dans un bistrot de
Lorraine. Oui, lui, « malheureusement », admet-il, votera FN au premier
tour, « mais j’espère qu’ils ne passeront jamais ». Un seul, sur une
vingtaine d’interviewés.
De deux choses l’une : soit les sondages alarmants publiés (y compris dans Libé)
sur les Français qui « n’excluent pas » de voter Le Pen sont
mensongers, soit le journal n’a pas rencontré les Français de ces
sondages.