30 novembre 2013

Vote à moitié blanc : Les critiques dans la presse

Parce qu'il ne faut pas toujours se fier au silence apparent et au reprise de dépêches AFP. Faisons un tour d'horizon des critiques qui se font jour dans les éditoriaux :

Tir à blanc à l'assemblée




Editorial :
Cela aurait pu être un acte fort de modernisation de la vie politique [..] à l'heure où l'abstention s'envole[..]. C'est aussi une revendication muette évoquée par des électeurs désabusés qui souhaitent toutefois exercer leur droit civique, mais rarement reprise par leurs représentants au Parlement.
[..]
Passons sur la divergence d'appréciation du statut des enveloppes vides (bulletins « nuls » pour les sénateurs, mais « blancs » pour les députés), qui va enclencher une nouvelle lecture au Sénat [..] si le texte se perd dans les méandres de la « navette » parlementaire.

L'essentiel est ailleurs. Si les votes « blancs » seront bien séparés des votes « nuls », ils ne seront pas considérés comme des suffrages exprimés. Décomptés, mais comptant toujours pour rien, donc. [..]

La montagne - Un débat à blanc




Editorial : jacques camus
C'est une sorte de débat… à blanc qui va se dérouler demain à l'Assemblée. [..] On aurait dû se féliciter d'une telle initiative, sauf que la portée en sera réduite presque à néant par les restrictions qui y ont été apportées. Les votes blancs [..] ne pèseront toujours d'aucun poids dans le résultat du scrutin.
Il y a là un vrai déni de démocratie. Le vote blanc est un acte civique s'inscrivant dans le devoir électoral en refusant de le tourner en dérision, comme le font certains bulletins nuls, et en écartant les inconséquences du vote protestataire. Sans parler de la désertion des urnes. Le vote blanc est l'expression assumée et responsable d'une insatisfaction devant l'offre politique. C'est bien pour cela que les élus ont tellement regimbé devant sa reconnaissance complète.

Le vote blanc est un vote-sanction à caractère républicain valant mieux qu'un vote défouloir vers les extrêmes. On objectera que la prise en compte des votes blancs dans les exprimés engendrerait parfois des impasses électorales faute de majorité absolue. Mais cela revient à casser le thermomètre pour ignorer la fièvre. Après tout, mieux vaut assumer le risque plutôt que d'avoir des élus à la légitimité entamée par un socle de votants ridiculement bas.
Ce qui déplaît à la classe politique, c'est que le vote blanc renverse le sentiment de culpabilité. Ce n'est plus le citoyen qui devient la cible des reproches en raison de son incivisme, mais le politique qui est renvoyé à ses insuffisances. Trop d'élections récentes ont été marquées par des votes de rejet plutôt que par des votes d'adhésion. [..]




Article : Gaël Vaillant


Qu'est-ce que le vote blanc?

Les députés se sont prononcés jeudi à l'unanimité pour la reconnaissance des votes blancs, distingués des votes nuls, mais la majorité socialiste a repoussé l'entrée en vigueur de cette mesure prônée par l'UDI après les prochaines élections municipales. [..] Ce chiffre élevé, résultant notamment de la consigne de vote de Marine Le Pen, a presque égalé le record de 1969 (6,4%) lorsque les communistes avaient refusé de choisir entre le centriste Alain Poher et le gaulliste Georges Pompidou. [..] (En analysant la répartition des votes au lendemain de l'élection, on voit que le report de vote FN vers les bulletins blancs n'est pas plus importants que les autres reports. Autrement dit, beaucoup de gens ont voté blanc pas seulement les électeurs FN. ndlr)

Une proposition de loi qui peine à aboutir

Depuis vingt ans, des parlementaires militent, et déposent des propositions de loi, en faveur du vote blanc. Au total, une vingtaine de textes, presque exclusivement déposés par les centristes (UDF, Nouveau centre ou UDI) et les écologistes, ont été rejetées. [..]
Au vu des résultats de l'élection présidentielle, l'UDI s'est faite entendre des autres formations. Mais sa proposition de loi était loin d'être prioritaire. Ce texte ne rentrera pas en vigueur avant le 1er avril prochain. En effet, les socialistes, provoquant la fureur de l'UDI, ont fait passer un amendement qui décale l'application du texte pour après les municipales. "La logistique nécessaire à l'organisation des scrutins municipaux, qui coûte des millions d'euros, est déjà lancée. Nous ne pouvions donc la remettre en question", explique au JDD.fr le député PS Pascal Popelin, auteur de l'amendement. [..]

Qu'est-ce que cela changera?

Les électeurs ne pourront toutefois pas peser sur l'issue du scrutin puisque leurs bulletins ne sont pas décomptés dans les suffrages exprimés. Ce que réclame depuis des années le Parti du vote blanc de Stéphane Guyot. "Le pouvoir politique a peur de voir des votes blancs atteindre un pourcentage plus élevé que ceux de leurs partis", analyse-t-il.
Au contraire, Pascal Popelin estime que la proposition de loi votée jeudi "est une modernisation essentielle". Et d'expliquer que "compter les blancs pourraient créer des problèmes insolubles". Le député socialiste rappelle que le président de la République est élu, selon la Constitution, "à la majorité absolue des suffrages exprimés". Si les votes blancs étaient majoritaires, aucun chef de l'Etat ne pourrait donc être élu. Mais justement, pour Stéphane Guyot, "c'est en cela que le vote blanc serait une arme révolutionnaire".

Rue 89 -  Libération et les électeurs invisibles du FN






Daniel Schneidermann (Arrêt sur images):

(ndlr :  Il est dommage que l'obsession tourne autour du vote Le Pen, car en plus de l'audience que cela donne à ce parti, il repousse encore la possibilité d'un débat de fond sur les solutions. Il y a encore chez Daniel Schneidermann, cet esprit de cour qui masque la possibilité d'un débat hors des canaux habituels et motivations habituelles)

[..]La comptabilisation du vote blanc est une excellente idée. Mieux qu’une bonne idée : une exigence civique. Il doit être possible de dire que l’on ne se reconnaît pas dans « l’offre politique ». Mais présenter cette réforme comme une manœuvre désespérée anti-FN est la meilleure manière de la saborder. De toute façon, pas de panique : aux dernières nouvelles, le PS donnerait son accord à la réforme, mais... après les prochaines municipales.

Les cris de la France des invisibles

Les votes blancs, tiens, justement, les voici. Sans violence, sans bonnets rouges, ils ont pris le pouvoir à Libé ce jeudi matin. Justine, l’étudiante de Béziers caissière à temps partiel, les artisans découragés d’Angers, le public populaire du théâtre de Valenciennes, Morgan la reporter de la radio bilingue de Centre Bretagne, ou encore Yann, désormais au chômage après s’être cassé les articulations dans un abattoir breton, à soulever des dindes de quinze kilos : le journal consacre ses premières pages à de beaux portraits, retentissant des cris de la France des invisibles, cette France à laquelle France 3 consacrait une soirée voici quelques semaines (et nous-mêmes, ici, une émission).
Supermarchés qui réalisent leurs plus gros chiffre d’affaires le 5 du mois (jour du versement des prestations sociales), billets glissés aux parents pour qu’ils puissent remplir le réservoir de la voiture, déprimes silencieuses à l’abri des pavillons, malheur qui passe sous les radars.

Un seul envisage de voter FN

On lit. Tout. Avidement. Mais, lecture faite de ces cinq reportages, reste comme un manque. Une absence. Ah oui, c’est bien ça : parmi tous ces Français que Libé a rencontrés, aucun n’envisage de voter FN aux prochaines municipales ou européennes. On lit et on relit. Même au fond de leur détresse, ils résistent.
Ah si, un seul, à la fin du dernier reportage : c’est Pascal, 50 ans, patron d’une boîte de motoculture, rencontré dans un bistrot de Lorraine. Oui, lui, « malheureusement », admet-il, votera FN au premier tour, « mais j’espère qu’ils ne passeront jamais ». Un seul, sur une vingtaine d’interviewés.
De deux choses l’une : soit les sondages alarmants publiés (y compris dans Libé) sur les Français qui « n’excluent pas » de voter Le Pen sont mensongers, soit le journal n’a pas rencontré les Français de ces sondages. 

29 novembre 2013

Le vote blanc ne compte toujours pas


Bien sûr, Bruno sera heureux d'avoir fait aboutir son projet de loi, Gaccio. Même si c'est après les élections municipales.  Même s'il n'aura aucune conséquence sur l'élection. Même si cela permettra de ridiculiser le votre blanc. Le vote blanc aux élections européennes sera une farce. Qu'attendent les députés  de ce vote sinon, une autre manière de faire manifester aux français un anti-européanisme qui serait anti-parlementaire et finalement aussi extrémiste.


Tous à la poubelle, vous ne rentrez pas dans les rangs, vous ne valez rien ! Vous, les invisibles.

Bien sûr, on ne peut se satisfaire de cette loi.
Bien sûr, c'est un nouveau crime contre le désarroi des français.
Bien sûr, c'est une nouvelle démonstration que les élus ont peur du peuple.
Bien sûr, le vote blanc a sa nouvelle colonne.
Bien sûr, un vote blanc et un vote nul ont toujours les mêmes effets.
Bien sûr, la suggestion des défenseurs de la reconnaissance du vote blanc est "totalement" absurde.
Bien sûr.

Vraiment ? Le principal argument contre est celui-ci : cela «supposerait une révision de la Constitution» puisque les Président de la République doivent être élu à la majorité des suffrages exprimés selon ce même texte. Et donc on s'arrête là.
Il y a eu deux présidents qui n'ont pas eu cette majorité : Jacques Chirac en 1995 et donc François Hollande en 2012.  Quand on voit la tranquillité avec laquelle s'est passé leur mandat, avec l'arrivée au second tour de l'élection présidentielle de 2002 du Front National, et la plus forte contestation d'un Président de la République depuis 32 ans, on est en droit de se dire que la réponse, une nouvelle colonne, est en deça de l'attente des électeurs.

Il y a pourtant une solution : L'important est que le vote blanc ait une conséquence sur le scrutin et donc sur le résultats de l'élection. Il faut également que cela soit légitime. Que ce soit le rapport de force qui s'exprime à travers l'élection.
Donc lorsque le nombre de bulletins blancs est supérieur aux nombres de bulletins pur les autres candidats, dans ce cas le scrutin est annulé. Tout comme quand il n'y a pas assez d'électeurs à une élection.

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