30 mars 2011

du spectateur en démocratie

Le vote blanc dévalorise l'abstention ... dit DesPasPerdus sur son blog. J'ai cru honnêtement à une blague, à une plaisanterie de second degré. L'express le reprend grâce à @jegoun et cela avec de nombreux blogueurs dans une chaine initiée par Gauche de combat.


Et puis il s'avère que non ... Alors je reconnais que mon commentaire ait pu apparaitre arrogant et sans arguments. Je vais essayer de me rattraper là. D'abord, Je suis stupéfait que l'on me reproche de manquer d'argument lorsque le seul argument est de dire que celui qui reste chez lui et ne participe pas à l'élection - rendez vous ultime de la démocratie - a raison d'avoir le même poids qu'un vote.

L'abstentionniste n'est pas un combattant de la démocratie, c'est un spectateur.

Allons-y donc... Si l'argument historique sur lequel s'est construit une partie de la France d'aujourd'hui ( de la révolution française à la déclaration universelle des droits de l'homme ) ne suffit pas, ni l'argument que la cérémonie de participation à un événement commun à tous les citoyens est ce qui fait une Nation (il y a aussi l'hymne, les impôts , la monnaie, les frontières), c'est déjà un peu à désespérer.

Pourquoi ne pas rendre le vote obligatoire me diras-tu ? Eh bien parce que notre pays est un pays de liberté et que c'est justement le vote qui réactualise le pacte entre la nation et son peuple. C'est un geste qui , s'il est contraint, n'exprime pas l'adhésion morale. Adhérez moralement à la Nation, à son histoire, à son héritage. Cela même si certains partis dénaturent cette adhésion, mais ce n'est pas le débat ici.

L'enjeu du vote blanc est plus profond encore.

Car las de l'Histoire et d'un pacte de la nation, puisque cela vous paraît fumeux. Vous dites encore qu'il y a une forme de distinction probablement injuste entre le voteur blanc, celui qui ne vote pas blanc et celui qui s'abstient. Tout se vaudrait. Alors pourquoi dans ce cas on n'annule pas l'élection lorsque l'abstention est majoritaire ? Parce que ça n'en finirait pas, me répondrez-vous (et vous auriez sans doute raison) , et sans doute appliquerez-vous la même logique au vote blanc, nous y reviendrons plus tard. En fait c'est simple, un abstentionniste ne s'exprime pas, c'est donc impossible de savoir ce qu'il dit. un voteur blanc dit : "aucun des candidats ne me convient", c'est on ne peut plus clair.

Quelle différence si l'abstention est active ou passive ? Quelle différence entre une démocratie rêvée dans un fauteuil et celle ou on croise les gens de son quartier ? Quelle différence il y a t'il entre l'entre-soi et la participation à une "messe" nationale ? Parce que quand on va voter on sort de chez soi, littéralement on va à l'extérieur, on regarde l'extérieur pour se rendre compte qu'à la fin du chemin, par un geste , on est entre nous. Voter est un acte de réunion. Quitter notre individualité pour en rencontrer une autre plus grande et plus universelle et manifester ainsi une participation active à la collectivité.

Malheureusement nous tombons sur le même aboutissement triste, sans cesse renouvelé depuis des années, élections après élections, une abstention croissante :
"
Même passive, elle relativise la légitimité des nouveaux représentants du peuple et révèle un fort déficit démocratique"
Elle relativise la légitimité ... ah "et après ?" vous diront ceux qui ont été élu avec 21% d'inscrits. Ce qu'il faut bien comprendre , c'est que pour l'élu; son fuel, son vent, son uranium : c'est le vote. Ceux qui ne vote pas, ne mérite même pas son intérêt, ni son regard. Beaucoup d'élus travaillent dur et sont tiraillés par des forces dont nous n'avons pas conscience. Ils ont de telles responsabilités qui font qu'au minimum l'électeur devrait se déplacer. Certes, c'est à lui de faire-savoir son savoir -faire et donc de communiquer, mais si le message passe bien, alors la réponse du citoyen se doit d'être un peu supérieur à celle d'un ectoplasme, pardon d'un abstentionniste passif. L'élu écoute l'électeur, pas l'abstentionniste.

Je ne dis pas qu'il y a pas de brebis galeuses. Il y en a, mais je ne jette pas le député avec l'eau de la démocratie croupie.

Enfin si je comprends bien ta pensée, cher DPP, à partir du moment où on est un être humain, on a voix au chapitre. Et que présent ou non dans le bureau de vote , nous sommes citoyens à tout moment et dans toute les situations. Sur ce point je suis d'accord avec toi. Ajouté à cela, le moment du vote est l'instant où nous sommes bien obligés de constater que d'autres pensent autrement. Nous somme multitude, que dans cette multitude il y a forcément une ou plusieurs personnes qui ne voit pas du tout les choses de la même manière que nous, quitte à refuser même l'appartenance à cette multitude. Donnons lui cette dignité là de pouvoir exister sans participer. Si participer c'est porter les armes de la démocratie, s'abstenir c'est regarder les autres faire, et il en faut. Aujourd'hui, c'est la démocratie qui manque de combattants, le champ de bataille est le bureau de vote, c'est le dernier carré de la démocratie. Avoir un peu de respect pour soi et pour les autres, c'est se donner la valeur de participer.

Ensuite pour ce qui est de se débarrasser de la cinquième république, on en discutera, j'espère, autour d'une bière, et on a pas finis,car cela fait longtemps que nous y rêvons. Mais reconnait qu'il faudra des combattants pour qu'elle soit à l'image du peuple, cette sixième république, et qu'on est loin du compte. Je continue à penser que si les électeurs ne peuvent tirer la sonnette d'alarme, d'élection par défaut en élection par défaut nous aurons une démocratie en défaut.

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