14 novembre 2006

Un blanc très transparent

Depuis 1999, le Parti blanc milite pour la reconnaissance du vote blanc. Mehdi Guiraud, président du mouvement, explique sa démarche. Contre l'abstention, pour l'engagement démocratique, son parti réclame à la possibilité d'un désavoeu de la classe politique encadré par les institutions.



Marianne2007.info : Quels sont les objectifs du Parti blanc ?
Mehdi Guiraud : Le Parti blanc existe depuis 1999, j'en suis le président depuis 2005. Nous souhaitons qu'il y ait des bulletins blancs à disposition des électeurs dans les bureaux de vote – ce qui n'est pas le cas actuellement – et que le vote blanc soit comptabilisé dans les suffrages exprimés.

Qu'est-ce que cela changerait ?
Nous militons pour que, au-delà d'un certain seuil de votes blancs, par exemple 33% ou 66%, l'élection soit invalidée. C'est du bon sens. Il faut que ce soit inscrit dans le code électoral. Cela traduit un désavoeu du choix qui est offert aux électeurs. A partir de ce moment-là, il faudrait annuler l'élection et la réorganiser, avec d'autres candidats. Ceux qui auraient été désavoués seraient déclarés inéligibles pour 6 mois, afin qu'ils ne soient pas en mesure de se représenter immédiatement.

Que pensez-vous de l'abstention ?
L'abstention ne traduit pas un déni des partis politiques, comme le vote blanc, elle traduit malheureusement un déni démocratique. Le vote blanc est donc l'antithèse et l'antidote de l'abstention. Ceux qui votent blanc sont ceux qui ne veulent pas s'abstenir mais qui ne sont pas satisfaits de l'offre qui leur est faite. Je souhaite à tout le monde de trouver un parti où s'épanouir, mais ce n'est pas toujours le cas. La seule alternative, c'est le vote blanc.

Comment la classe politique réagit-elle à vos propositions ?
Corinne Lepage y est favorable. Les partis aux extrêmes du prisme politique y sont farouchement opposés, car le vote contestataire constitue une réserve de leur électorat. Selon une étude du Cevipof de 1998, 25% des gens voteraient blanc si cette pratique était comptabilisée dans les résultats. Le parti le plus touché serait le Front national, puis l'extrême-gauche. Mais les partis plus traditionnels seraient aussi touchés, à hauteur de 4% environ.

Avez-vous discuté du vote blanc avec les partis majoritaires ?
Oui, mais ils sont peu accessibles. Au PS, nous avons rencontré Jacques Floch (député de Loire-Atlantique, ndlr). Il est pour un seuil d'invalidité de l'élection à partir de 75% de votes blancs, c'est donc n'importe quoi. A l'UMP, nous sommes en dialogue avec Eric Walter (chef du service Internet de l'UMP, ndlr). Nous essayons de démontrer que le vote blanc n'est pas seulement une idée de gauche. Des courants comme Alternative libérale le prennent au sérieux : ils estiment que si les candidats n'ont pas réussi à convaincre, il est normal qu'on les sanctionne.

Quelle est votre stratégie pour diffuser vos idées ?
Outre les discussions que nous tentons d'amorcer avec le personnel politique, nous souhaitons nous présenter aux élections législatives sur une liste commune avec d'autres petits partis comme le Parti fédéralistes , France en action, Participation citoyenne et Sociopro. Personnellement, je compte me présenter dans la VIème circonscription de Paris.

Que ferez-vous si vous êtes élu ?
Nous démissionnons aussitôt. Avant l'élection, nous déposons chez un notaire notre lettre de démission, afin que les électeurs aient l'assurance que nous ne resterons pas en responsabilité.

Combien de personnes militent au Parti blanc ?
Nous comptons 30 membres actifs… mais 6 millions de sympathisants !

Mardi 14 Novembre 2006
Propos reccueillis par Anna Borrel

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