12 décembre 2006

Le vote utile vs le vote d'adhésion

Assez facilement depuis 2002 s'est ancrée dans l'esprit des Français la notion de "vote utile". C'est d'abord dans les triangulaires législatives avec le parti d'extrême-droite, que l'on parle d'alliance républicaine et de vote utile. Cette facilité électorale n'a pas cessé d'agacer les militants et certains acteurs politiques. Aujourd'hui personnifié par Ségolène Royal. En 2002, il était utilisée en faveur de Jacques Chirac au cours du second tour. Appuyée par le proverbe aux origines introuvables : "Au premier tour on choisit au second on élimine" que l'on retrouve jusque dans la proposition de loi d'un député. Cette idée est aussi partagée parmi les élus puisque Pierre Bilger pense que "La démocratie gagnerait en clarté et en responsabilité si le plus d’électeurs possibles se plaçaient mentalement dès le départ, en situation de second tour et apportaient d’emblée leur voix à celui qui, parmi les deux ou trois candidats réellement en position de l’emporter, correspondait le moins mal à leurs aspirations."
Le vote utile
C'est le principe même du vote utile, c'est à dire de choisir la conséquence immédiate du vote et faire barrage. C'est une manière subliminale de parler du vote "contre". Argument qui est utilisable par tous dans l'échiquier politique : En effet Jean-Marie le pen déclarait sur France 2 : "On sait qu'au premier tour on choisit, au deuxième tour on élimine. Eh bien il se peut que ce soit mon adversaire que le peuple français souhaite éliminer".
De fait, Le choix qui est proposé aux électeurs lorsque l'on utilise le principe de vote utile est purement antidémocratique. Car si le gouvernement du peuple par le peuple est un des principe fondateur de notre démocratie, Le choix doit être politique. Le choix ne peut pas être utile, dans ce cadre là tout est utile. La démocratie est utile. Le choix utile est le choix du sens que veut lui donner l'élu "utile". L'électeur donne, en gros, un chèque en blanc à l'élu élu "utilement".
Le vote d'adhésion
J'oppose à cela le vote par adhésion, ce vote-là est exigeant. l'électeur qui choisit de voter par adhésion est comptable de son adhésion. Il est attentif et impliqué dans la vie de sa cité. Il défend le rôle de son élu et sa fonction. C'est ce que l'on appelle chez les sondeurs "la base électorale". Cette base, qui, quoiqu'il se passe vote pour les idées d'un parti politique. Cette base s'effrite en cas de corruption comme le dit l'étude du CEVIPOF publié au mois d'octobre, preuve de l'engagement d'un groupe électoral. C'est cette partie de la population qui exige le plus de ces représentants. Son adhésion est la marque d'un certain idéal et de la défense d'un projet de société.

1 commentaire:

  1. Il faut également se poser la question de ce que signifie l'acte de voter.

    Voter est selon moi presque un acte sacré, c'est en tout cas la façon dont il a été pensé au XVIIIème siècle. Cet acte religieux s'inscrit dans la manière même du déroulement; L'isoloir permet, outre d'assurer la discrétion du choix et de ne point pouvoir exercer de pression sur les citoyens selon leur vote, l'isoloir permet donc de mettre l'électeur seul devant le destin qu'il pense le meilleur pour la collectivité à laquelle il appartient.

    L'isoloir est un lieu de jonction entre le citoyen et l'intérêt général. Voter est donc avant tout un acte qui puise ses raçines dans ce que ressent le citoyen de l'intérêt général.

    La notion de vote utile pervertit l'essence du vote, car l'électeur se retrouve dans la position de nier son propre choix, son propre poids sur l'élection, et, en imaginant d'hypothétiques résultats catastrophiques ou non, oriente (ou désoriente) ses aspirations propres.

    Voter utile, c'est voter pour celui ou celle qui manipulera le mieux l'opinion publique, cette opinion publique empêchant la citoyenneté qui est en nous de se développer.

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